Un film de

Avec Gerrit Knobbe, Loïs Reinders

Gerrit Knobbe est extraordinaire dans le rôle de Johan, un veuf qui exerce depuis des décennies le métier de coupeur de ro- seaux et qui est désormais aussi un grand- père attentionné. Lorsque la caméra scrute son visage buriné, on croit l’avoir déjà aperçu dans un film d’Ingmar Bergman. Mais Knobbe n’est pas acteur, et c’est la première fois qu’on le découvre à l’écran. Outre Bergman, ce thriller sombre et raffiné s’inscrit également dans la lignée de cinéastes européens comme Michael Haneke ou Thomas Vinterberg. Le feu, l’eau et la terre rythment la vie de Johan. Un matin, il découvre le corps sans vie d’une jeune fille sur ses terres. Aussi- tôt, un pressentiment de malheur s’installe. Tout en prenant soin de sa petite-fille, il entreprend de chercher la vérité, déterminé à élucider ce drame. Le réalisateur néerlandais Sven Bresser ob- serve avec un regard singulier ce malheur qui menace de briser une communauté très soudée, et fait naître une atmosphère persistante de prémonition. Le film, tourné aux Pays-Bas, intègre pleinement le paysage dans cette ambiance finement orchestrée. « Murmurer » est sans doute l’adjectif le plus souvent associé aux roseaux, qui confèrent à la campagne une présence obsédante, comme si elle abritait d’innombrables témoins incapables de raconter les crimes dont ils ont été les spectateurs — du moins pas dans une langue que nous puissions comprendre.